A travers les glaces, nouvelles de Djenar Maesa Ayu. En version bilingue.
Traduction de l'indonésien par Renaud Barne, Maïté Fréchard, Françoise Jacquelin, Pascale Jacquemin, Etienne Naveau, Nicole Riesenmey, Serge Streicher, Nathalie Wirja, sous la direction d'Etienne Naveau.
Préface de Bernard Chambaz, postface de Étienne Naveau.
Remerciements à Angela Kristanto, Halidah Ilahude, Reva Januarty, Rosa Hanan, Saraswati Gramich, Sita Satoeti, Sofia Sudarma, Tri Lestari.
Que l'Indonésie reste une matière de rêve où le gamelan relance l'histoire-géo, il suffit que j'ouvre mon Voyage à Java qui date de la fin du Second Empire et dont la treizième édition, la mienne, date de 1881 pour que j'en vérifie la puissance. Le comte de Beauvoir se plaçait sous l'égide sobre et judicieuse de La Fontaine : "J'étais là ; telle chose m'advint" et commençait sa narration par une semaine à Batavia où les berceaux de feuillage ombragent les rues et où les odeurs pestilentielles vous envoient outre-monde en deux coups de cuiller à pot.
Il paraît que les spécialistes répertorient Djenar Maesa Ayu du côté de la "littérature parfumée", je ne saurais dire, mais je me rappelle tout à coup "des odeurs combinées du goudron, du musc et de l'huile de coco", c'est dans l'invitation au voyage et en général on ne range pas Baudelaire dans la catégorie des parfumés malgré son goût pour les flacons. Par chance, L'invitation se situe entre l'horloge et le don des fées, de sorte qu'on se croirait revenu dans ce recueil de nouvelles où les montres et les fées sont aussi importantes que les miroirs. Baudelaire envisage ce pays comme un pays de cocagne planté de cocotiers où "les miroirs (...) jouent pour les yeux une symphonie muette et mystérieuse (...) comme un revenez-y de Sumatra".
Djenar Maesa Ayu est jeune, elle n'évoque ni la conférence de Bandung ni le général Soeharto, elle a son monde qui peut nous surprendre mais qui ressemble aussi au nôtre. Le temps qui passe est un sujet commun, la coupe du monde de football et l'amour aussi. S'il y a des oiseaux, c'est tout sauf un lieu commun. Au passage, je remarque que là-bas on verse des fleurs sur les tombes quand nous en déposons. La plaza Senayan est un écho de Djakarta qui sonne comme un relais moderne de Borobudur. Dans le rêve de Nayla, les nuages ont la forme d'une perle ou d'un éléphant. Ailleurs quelqu'un transforme le noir en blanc (ce qui nous semble classique) et le rouge en mauve (ce qui l'est moins) sans présumer des rouge jambu ou pas jambu qui est une espèce de prune et des mauve comme on en trouve chez le comte de Beauvoir et tous les voyageurs qui gardent les yeux ouverts le soir. Enfin j'aime que le recueil soit parsemé de notes d'humour : "avec mes remerciements au cocktail mojito". Renseignements pris, il faut du rhum blanc, de la menthe fraîche et des citrons verts.
Bernard Chambaz
A travers les glaces de Djenar Maesa Ayu
Recueil de nouvelles traduites de l'indonésien par Renaud Barne, Maïté Fréchard, Françoise Jacquelin, Pascale Jacquemin, Étienne Naveau, Nicole Riesenmey, Serge Streicher, Nathalie Wirja, sous la direction d'Étienne Naveau.
Préface de Bernard Chambaz et postface d'Étienne Naveau
ISBN 978-2-9525727-5-0
Edité à Paris par Association Pasar Malam
Prix : 15 euros (hors frais d'envoi)
Format : 13 x 19 cm
Reliure : 156 pages
Conception graphique Thomas Frisch
Imprimé par CPI Firmin-Didot
EPUISÉ