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Le Banian n° 0, décembre 2005

Banian 00
Couverture : Tsunami 2005, par Heri Dono. 
« des mains capables de se changer en oiseaux »...

Le numéro 0 propose poèmes, articles de fond, nouvelle inédite...

Directrice de publication : Johanna Lederer
Secrétariat de rédaction, relecture, maquette : Mauricette Bastide, Corinne Prosé
Traduction, révision : Elsa Clavé, Jacqueline Camus, Henri Chambert-Loir, Umar Saïd, Ibarurri Sudharsono

Le Banian, journal de l'association franco-indonésienne Pasar Malam, ne pouvait consacrer son premier numéro qu'au-raz-de marée. En l'espace de quelques minutes, le tsunami a pris des dizaines de milliers de vies. Il a changé pour toujours la physionomie même de l'île de Sumatra et, pour de longues années, la vie d'innombrables habitants des régions touchées, en particulier à Aceh. Dès le début des ravages, il a aussi provoqué une compassion et une solidarité planétaires, enflammé certains esprits, réveillé des peurs longtemps enfouies dans une mémoire collective, révolté les uns, accablé les autres devant l'immensité de la désolation, du degré de l'incurie ou de l'impréparation des organismes gouvernementaux ou non gouvernementaux.

Sic transit infelicitas mundi …

Avant-Propos

Et la vie reprend son cours. L'association Pasar Malam, plus modestement, crée sa publication, Le Banian. Aussi, ce numéro 0, pas nul pour autant, généreux au contraire, nous donne l'occasion de remercier vivement tous ceux qui ont contribué à la réalisation de trois micro-projets à Aceh :
- laboratoire d'analyses
- classe primaire de 40 élèves
- bibliothèque pour enfants

Mais nous donne aussi la chance de voir le travail d'un grand artiste, le peintre Heri Dono. Né à Jakarta en 1960, il vit à Yogyakarta (Java Centre) où il a été formé à l'Institut Indonésien des Arts (ISI) de 1980 à 1987. Il a ensuite étudié le wayang kulit (marionnettes d'ombre découpées dans du cuir) avec le maître marionnettiste Sukasman, pendant un an. A partir des années quatre-vingt-dix, Heri Dono n'a cessé d'exposer ses œuvres dans le monde entier, aux Etats-Unis, en Suisse, en Grande-Bretagne, en Australie, en Norvège … Il a reçu de nombreuses récompenses, dont le prix du meilleur peintre remis par l'ISI, le prix Prins Claus (Pays-Bas), le prix Unesco lors de la Biennale Internationale à Shangai, ou encore le Grand Prix Enku, au Japon.

Voici ce qu'Heri Dono dit de son tableau Tsunami 2005 :

« J'ai commencé ce tableau l'an dernier pendant la période des fêtes de fin d'année. Mon père pour qui j'éprouvais une véritable adoration s'est éteint paisiblement le 23 décembre. Trois jours plus tard le tsunami frappe.

Je ne pouvais m'imaginer la vie sans les êtres qui nous sont chers. Mon père ne reviendra plus jamais. La vie n'est qu'une songe, me disait ma mère. 

Le Jour de l'An j'ai regardé les peintures de Hokusai, peintre japonais d'estampes ukiyoé et de ce tableau célèbre de tsunami. Lorsque j'étais étudiant à l'école des beaux-arts, je n'en voyais que la beauté, c'est bien plus tard que j'ai vu que derrière l'image Utamaro parle aussi de la tragédie humaine. 

Quand le raz-de-marée a frappé Aceh, la Thaïlande, l'Inde, le Sri Lanka, l'Afrique, je me trouvais à Yogyakarta. Le choc que j'ai ressenti était tel que ça m'a renvoyé, l'espace d'un instant, à l'explosion du Krakatau à Java en 1883, la plus destructrice de l'histoire jusque-là et qui, elle aussi avait provoqué plusieurs dizaines de milliers de morts …

Mais je crois en une vie après la mort et celle-ci est hors du temps. A Java nous avons des mythes comme celui de la Reine qui demeure dans l'océan : Nyai Roro Kidul. Cette reine aide les victimes de catastrophes comme le raz-de-marée à gagner leur place méritée au ciel. Et afin d'atteindre le paradis, elle leur fournit des ailes blanches. Nyai Roro Kidul, elle-même, a des mains capables de se changer en oiseaux.

Tsunami 2005, ce tableau est aussi l'expression d'espoir pour tous ceux qui sont morts et qui sont devenus des anges à l'âme éternelle et apaisée … » (Ndlr : moksa : rédemption).

Le Banian n° 0 donne par ailleurs une grande place aux œuvres de jeunes auteurs, comme dans ce numéro-ci Azhari, essayiste, poète, auteur de nouvelles acihais.

Enfin, décembre étant, semble-t-il, un mois propice à la formulation de nouveaux projets, les nôtres tâcheront de comprendre :
- un festival-rétrospective du film indonésien
- une exposition de maisons indonésiennes traditionnelles miniatures
- la deuxième édition des « dix heures pour la littérature indonésienne »

Vous le verrez, cet avant-premier numéro a encore une facture artisanale. Il ne tient qu'à vous de nous aider à l'améliorer, et notre comité de rédaction fait appel à tous les volontaires qui voudront bien nous apporter leurs idées ou leur aide.

Nous remercions chaleureusement tous les amis qui nous ont envoyé leur contribution, et tous les traducteurs.

L'espoir fait vivre, une excellente année 2006 à toutes et à tous !

La « chronique d'une catastrophe» qui suit observe un ordre chronologique d'arrivée des récits.

Enfin, citons Thomas Beaufils : « La coquille fait partie de l'écriture … ».

Johanna Lederer