Couverture : Souvenir de Tegal,
huile sur toile (54x73), 1993, par Salim.
« Il a parcouru les chemins du monde »...
Sommaire
Lobang-lobang / Des trous … rien d'autre par Ibarruri Sudharsono
Avant-propos
Souvenirs de Tegal, la bien-aimée par Salim
Biographie de Salim
Salim, toujours par François Raillon
Lagu Kerinduan / Chant de Nostalgie par Ajip Rosidi
Ajip Rosidi et S.A. Soekanto : ensemble et solitaires par S. Soekanto
Sous le ciel de Bali, le sang de l'indigo par Martine Estrade
L'objet d'une rencontre, rubrique tenue par J-L Aguerra
Les livres oubliés de la littérature des Indes par A. Birney
Entre Nas et Tion par Jean Rocher
Humour et poésie chez Remy Sylado par Etienne Naveau
Surat – Menyurat / Lettres par Ramadhan K.H, poème suivi d'une notice nécrologique par Etienne Naveau
Biographie d'Ayu Utam
Départ grandes lignes : Pays du Soleil Couchant, une nouvelle par Seno Gumira Ajidarma
La parole aux lecteurs
Prochaine édition
La lumière des fleurs par J.J. Kusni
Bon voyage à toi, Pramoedya Ananta Toer... par Sobron Aidit
Avant-Propos
Johanna Lederer
Les pieds ancrés dans un terroir et le regard tourné vers le large. Avec le thème de « l'auteur dépaysé », ce numéro 1 du Banian annonce « les 10 heures de la littérature indonésiennes » du 28 octobre prochain (de 8h30 à 18h30 au Sénat, Palais du Luxembourg, 15 rue de Vaugirard, 75006 Paris). Artistes, écrivains et spécialistes de France, d'Indonésie ou d'ailleurs viendront évoquer ce que signifie pour eux la pratique de multiples cultures et son influence sur l'acte créateur.
L'itinéraire du peintre Salim - dont un tableau honore la couverture de ce numéro- illustre ce dialogue intérieur, ce cheminement de l'auteur qui exige de lui qu'il jette des ponts entre cultures pour bâtir son œuvre.
Comme lui, près de neuf Indonésiens sur dix ne possèdent pas la langue nationale pour langue maternelle. L'horizon national constitue un étranger à la fois proche et partagé. Au fil de ce numéro du Banian se révèlent le cheminement de ces auteurs, composant entre identité régionale, nationale ou internationale pour en tirer leur originalité.
Parcours menant le général Nasution à lutter pour l'intégration de l'ensemble multiculturel indonésien, poussant dans sa quête de connaissances Salim, parti étudier à l'étranger, ou stimulant le gai savoir de Remy Sylado et le requisitoire bien senti d'Alfred Birney. Autant de façons de mûrir en s'ouvrant à d'autres réalités. Mais également maturation, forcée par l'exil ou par des retrouvailles douloureuses et longtemps rêvées avec un pays que l'on ne reconnaît plus, comme en témoignent les poèmes de J.J. Kusni et de Ibarruri Sudharsono.
Ces tribulations épousent les méandres de l'identité indonésienne, qui serpente entre traditions et ouverture aux influences nationales ou étrangères. Peut-être cet appel du lointain conduit-il l'Indonésie vers des contrées inconnues et vaguement inquiétantes, comme le train de la nouvelle de Seno emmenant ses voyageurs sans espoir de retour ?
L'écrivain offrirait ainsi un écho à l'actualité indonésienne, comme le fait Ayu Utami dénonçant un projet de loi récent, qui sous couvert de lutter contre la pornographie, imposerait au pays une étiquette puritaine et rigoriste sans tenir compte de la grande diversité des sensibilités socioculturelles au sein de l'archipel. Les tenants de ces cultures minoritaires risqueraient de se trouver malgré eux « dépaysés » sur leur propre sol, ou plutôt étrangers en étrange contrée…
Avant de céder la place aux textes, il est juste d'évoquer ceux qui ont contribué à la naissance de ce Banian n°1. Que soient ici chaleureusement remerciés auteurs, écrivains, artistes ou membres de l'équipe de rédaction, ainsi que le Département d'études néerlandaises et le service de l'imprimerie de l'Université Marc Bloch de Strasbourg.
Le Banian n° 1, mai 2006, 68 pages, 4€ hors fais d'envoi. ISSN 9771779848001