• Borobudur
  • Lukisan dinding Jogja
  • Gunung Merapi
  • Batik Indonesia
  • Taman Sari
  • Batik Indonesia

Le Banian n° 4, décembre 2007

Le Don.
Offrandes, sacrifices, partage, reconnaissance...

Banian 04
Couverture : Saraswati Gramich, Insecte 57, 2005

Sommaire

Balinese Girls, Procession, photo Paul Beiboer
Editorial, Johanna Lederer
Alain Caillé, Donner le rien ? Donner pour rien ?
Claudia Huisman, Tilly et Sylle
Jean-Marc de Grave, L' Essai sur le don vu de Java
Emmanuelle Halkin, Le wayang kulit à Bali, une offrande de la communauté aux divinités ?
Anne-Marie Vassal-Harrison, « Laisser le sang couler sur la place du village », les sacrifices d'animaux à Sumba
Elise Bas, Rubrique L'indonésien, langue exotique ? : Echange et reconnaissance, Singkatan, acronymes et abréviations
Etienne Naveau, Parcours de la reconnaissance
Tan Lioe Ie, Les héros
Nicolas Césard, Les objets en partage des nomades de Bornéo
Martine Marin, Tanah Beru : voyage en pays Bugis
Mohammad Nanda Widyarta, Une Petite Histoire sur Thamrin- Sudirman, Méditation à propos d'une photographie
Josef Prijotomo, L'architecture javanaise : Un don du Père Ciel à la Terre Mère
Martine Estrade, L'Horizontale du silence et de la couleur
Ibarruri Sudharsono, Un anniversaire, extrait d'une oeuvre inédite
Tan Lioe Ie , Sim Sim Salabim, poème

Editorial

Johanna Lederer

Ce qui frappe est la prononciation à longueur de journée des mots « terima kasih »(merci bien) comme une litanie, un murmure de formule magique. En Indonésie, s'entend. Et par des touristes occidentaux. En France il est normal de prononcer ces mots, sans y penser, du matin au soir, à son boucher, au vendeur du grand magasin, à son conjoint, son chef et même à son chien lorsque celui-ci, après un entraînement sérieux, vous amène vos pantoufles et votre journal.

Mais à Java?

Je ne sais pas...

Cela me paraît exagéré, faux, pas à sa place, impropre en somme. Beaucoup de Javanais possèdent un sens aigu de la hiérarchie sociale. Alors, il est difficile de les imaginer remercier ou recevoir des remerciements à gauche et à droite, sans distinction. Ce qu'ils jugent normal comme tâche à exécuter ne mérite aucun remerciement, ni aux yeux de celui-ci qui l'exécute, ni aux yeux de celui qui en donne l'ordre. C'est dans la nature des choses.

De même une grande partie des tâches exécutées dans la journée est pour le compte de la communauté, notion très importante, même aujourd'hui encore, en Indonésie. Rien de plus normal dans ces conditions de les faire sans attendre ni distribuer desterima kasih. Ou alors ce serait signifier qu'on n'appartient pas au même groupe, clan, communauté, ce qui est impossible en Indonésie. Par ailleurs, et c'est terrible, en Indonésie l'acte de remercier peut être perçu comme le signe d'un léger dédain de celui qui remercie l'autre, du genre « tenez mon brave… ».

Alors comment faire? Comment être reconnaissant sans être offensant ?
En le montrant, peut-être : un sourire qui traduit la joie et la gratitude en dit plus qu'unterima kasih lancé de façon nonchalante ou inopinée.

Mais, si on est en Europe, on peut dire avec conviction merci beaucoup pour l'aide que vous, auteurs, traducteurs, re-lecteurs, rédacteurs, pourvoyeurs d'illustrations, vous avez bien voulu apporter pour la réalisation de ce Banian de décembre. Merci mille fois de votre coopération généreuse.
Dis-moi ce que tu donnes, je te dirai qui tu es… Comment peut-on être soi sans le regard de l'autre ? C'est ce thème du don, de la reconnaissance, du rapport de soi à l'autre, indispensable à notre existence, qui est examiné ici de plusieurs postes d'observation. Et si le don était ça, une preuve de notre propre existence, un rite pour résister au temps ?

A vous tous, une très bonne année 2008, remplie de bonheur, de dons et de Banian !

Le Banian n° 4, décembre 2007, 146 pages, 6€ hors fais d'envoi. ISSN 9771779848001