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Le Banian n° 5, juin 2008

Jakarta
Voyages réels ou imaginaires dans la capitale indonésienne

Banian 05
Photographie de couverture : Modern highrises along 
Senen Raya
, Jakarta, septembre 2004. 
© Brian J. McMorrow, avec son aimable autorisation.

Sommaire

Johanna Lederer, Editorial 
Ajip Rosidi, Lagu Jakarta / Le chant de Jakarta
Gilles Massot, Port de Jakarta, photos
Zeffry J Alkatiri, Valckenier : 1740 ; Heeren XVII ; Amsterdam - Batavia ; Dieu n’a pas eu l’occasion de revenir ici
Anda Djoehana Wiradikarta, À chacun son Jakarta
Thung Ju Lan, Jakarta telle qu’on la voit et telle qu’on l’imagine : quand le rêve se heurte à la réalité
Philippe Fouchard, Scènes ordinaires à bord du train de Jakarta
Philippe Barbeau, Un roman pour la jeunesse à Jakarta
Freek Colombijn, Champignons pendant la saison des pluies : urbanisation sauvage à Jakarta dans les années cinquante
Jean-Michel Chazine, Brèves de trottoirs… à Jakarta… 
Dominique Maison, Photo
Gilbert Hamonic, Une nuit à Jakarta. Extraits d’un carnet de voyage
Frederic Durand, « Dans la jungle de Jakarta »
Henry de Mallortie, Photos
H.P. Berlage, Mon voyage aux Indes
Laksmi Pamuntjak, Dîner à Jakarta : carnet de notes d’un critique gastronomique
Igor Rochette – Onghokham, Du gâteau de soja, de l’inflation, des produits alimentaires et de Onghokham 
Goenawan Mohamad, Slamet
Slamet A. Sjukur, Le soutien-gorge
Rubrique Le français, langue exotique ? Et deux témoignages… (Tri Lestari, Puruhita Moestaryanti)
Dorothea Rosa Herliany, Cette femme s’appelle maman 
Pramoedya Ananta Toer, Nouvelles de Kebayoran
Jeannine Koubi, L’enfant sculptée. Mythe toradja collecté à Sulawesi 

Editorial

Johanna Lederer

Jakarta, l’inouïe, Jakarta l’innommable, Jakarta la belle papaye, Jakarta le gros durian, vagabondages réels ou imaginaires.

Tout un Banian consacré à Jakarta.
Jakarta ?!
Pourquoi Jakarta ? Qui connaît, qui en a seulement entendu parler ? C’est quoi ? Un sofa, une chaise longue, une chaise droite « Jakarta » ; un logiciel, le Jakarta ; un groupe de rock de Los Angeles, le Jakarta Skyscraper ?
Eh bien, non, rien de tout cela. Jakarta - Batavia jusqu’en 1942 - c’est

Un port retentissant où mon âme peut boire
A grands flots le parfum, le son et la couleur ;
Où les vaisseaux, glissant dans l’or et dans la moire,
Ouvrent leurs vastes bras pour embrasser la gloire
D’un ciel pur où frémit l’ éternelle chaleur.*


C’est une ville, une mégapole en passe de devenir la cinquième mégapole au monde avec environ 13 millions d’habitants, c’est la première capitale du Sud-Est asiatique, mais aussi la plus polluée et la plus bruyante ; la misère des « squatteurs » de l’article de Colombijn voisine le luxe du Menteng évoqué par Anda Djoehana, gratteciel vertigineux et taudis se côtoient au sein d’une ville tentaculaire, un immense parking où l’on reste bloqué des heures durant, ne pouvant ni avancer, ni reculer.
Pourtant c’est là que tous voudraient vivre, ancienne Reine de l’Orient cosmopolite et, depuis toujours,
creuset où se rencontrent tous les peuples d’Indonésie. Et puis, on envie le moderne Betawi, habitant de Jakarta, qui jouit d’un revenu de soixante-dix pour cent supérieur à la moyenne nationale.

À l’instar de New York, Jakarta est un fruit convoité de tous, un durian, gros à se rompre, à l’odeur repoussante, mais un délice pour certains.

N’empêche, Jakarta se mérite et ne se donne qu’à ceux qui travaillent la sueur au front et les yeux rivés au sol, ne craignant ni sa chaleur écrasante dépourvue d’ombre bienfaisante, ni ses trous béants crevant, ça et là, les chaussées comme pour finir d’engloutir les rescapés. Nombreux sont ceux qui y terminent ainsi leur parcours, ensevelis par l’injustice et l’indifférence, tel le Slamet décrit par les lignes poignantes de Goenawan Mohammad.

C’est une ville qui bouge, qui vit, qui respire (mal) et surprend par ses paradoxes, où le beau peut virer facilement au hideux et le laid revêtir une beauté soudaine et bouleversante.
Ce Banian présente nombre de ces métamorphoses, récits et images sérieux, drôles, attendrissants, ou déchirants.
Ainsi, dans Nouvelles de Kebayoran, Pramoedya Ananta Toer met en scène une prostituée jakartanaise dont l’histoire cruelle et émouvante a été merveilleusement adaptée en français par Étienne Naveau et Mira Saptariani. L’enfant sculptée, une nouvelle inédite sur  les « hommes-d’avant », appartient au genre des mythes fondateurs qui nous enseignent, aujourd’hui encore, les épisodes de la vie. La littérature orale trouvera ainsi une place à part entière.
Qu’il me soit permis de remercier ici tous ceux qui ont contribué à donner vie aux textes de ce numéro 5, afin de les offrir au lecteur francophone : le Centre national du livre, le NLPVF (fonds néerlandais pour la production et la traduction littéraires), bien sûr, mais aussi l’agence de voyages française Bali authentique, proposant des voyages à la carte (www.baliauthentique.com) ou encore Marion Bastien qui, avec générosité et talent, a proposé de s’occuper professionnellement de la mise en page qui en avait bien besoin. Jugez-en et découvrez avec stupéfaction la différence !

Pour être juste, il me faudrait également mentionner tous les contributeurs, les scientifiques, les voyageurs, les « goûteurs » de langue, les traducteurs qui ont fait de ce numéro 5 un almanach chatoyant, égrenant sinon les saints du jour ou les bontés des saisons, nombre de contes, de faits divers, de pensées de bon aloi et autres gourmandises de bouche, exactement comme le faisaient les colporteurs d’antan.

Je vous laisse découvrir ces belles surprises et tiens d’ores et déjà à vous souhaiter d’excellentes vacances en compagnie de ce numéro : n’oubliez pas de l’apporter avec vous sur la plage, à la montagne, à la campagne ou en ville !

Enfin, pour prolonger le plaisir de ces lectures, je vous invite au Salon de la revue les 11 et 12 octobre (avec Le Banian ! ) et à la troisième édition de la journée des dix heures pour la littérature indonésienne, qui se tiendra à Paris le 22 novembre. Le détail du programme sera disponible auprès de l’association Pasar Malam.

* Charles Baudelaire, « La Chevelure », Les Fleurs du mal.

Le Banian n° 5, juin 2008, 202 pages, 8 € hors fais d'envoi. ISSN 9771779848001