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Le Banian n° 9, juin 2010

Pourquoi Bali ?

Banian 9
Photographie couverture & quatrième couverture : 
© Jared Collins, avec son aimable autorisation.

Sommaire

Johanna Lederer - Éditorial.
Tan Lioe Ie - Malam Cahaya Lampion (Nuit à la lueur des lampions)
Agnes Gun - Jared Collins, les noces de l'histoire et de la tradition
Jean Couteau - La religion de l'eau
Warih Wisatsana - Memorabilia (Souvenirs)
Marie-Claude Gavard - Ou la naissance d'un mythe
Marc-Antonio Barblan - Dans la lumière des terrasses (2e volet). Le Subak Museum à Sanggulan : Quel musée pour la civilisation du riz?
Catherine Basset - Au delà des apparences. Morphologie des esthétiques et cosmologie à Bali
Dr. Helena Spanjaard - Peinture balinaise moderne et contemporaine : le rôle du groupe Sanggar Dewata
Jérôme Samuel - Peinture sous verre à Bali, entre pratique populaire et réemploi identitaire
Ilse Peralta - Danses balinaises
Martine Estrade - Voyage à Bali ou l'harmonie d'un déséquilibre
Carla Bianpoen - I Gusti Ayu Kadek Murniasih, la Grande Dame balinaise de l'art contemporain
Socrate Georgiades - Paradis perdu, paradis fabriqué, paradis artificiels et paradis retrouvé
Rubrique Le français, langue exotique ? - Sandie et Nyoman Bujana
Rubrique Compte rendu de lecture - Ma vie balinaise, par Laetitia Chanéac-Knight 
Rubrique Pages retrouvées - De Lamartine au gusti Jilantik. Bref parcours romanesquede 1860, par Georges Voisset
Rubrique Les bonnes feuilles du Banian - " Tu sais, j'ai un petit peu aidé le dieu. ", par Oka Rusmini

Photographies & illustrations : 
Jared Collins, Coll. KITLV, Fabrice Charbonnier, Gotthard Schuh, Marc-Antonio Barblan, Coll. LADA, Coll. IRRI, Luis Pablo Martinez Sanmartin, Coll. Georgia Department of Natural Resources, Coll. CIR/Survival, Georges Breguet, Catherine Basset, Alexander Lauterwasser, Robert Marchand, Nyoman Gunarsa, Helena Spanjaard, Nyoman Erawan, I Nyoman Masriadi, Ketut Santosa, Ilse Peralta, Daniela Lomas, I Gusti Ayu Kadek Murniasih, Socrate Georgiades, Lidia Olivieri, Edith Baudrand, Rarindra Prakarsa.
 

Pourquoi Bali ?

Des vacances de rêve à prix doux, du soleil toute l'année, une population particulièrement accueillante et des sites magnifiques, un eldorado ...

Voilà la réponse. Nous pourrions terminer l’éditorial ici.

Sauf que dans cette description souvent rencontrée dans des dépliants, magazines, livres ou documentaires, il manque curieusement la référence à ceux qui font que Bali c’est Bali : les Balinais.

L’île, 5637 km2, bien plus petite que le Puy de Dôme (7 970 km2) est depuis les années trente devenue une terre d’accueil pour les expatriés occidentaux. Du retraité à l’homme d’affaires, les Français sont environ 2 000 à s’y être installés. En plus des résidents étrangers, l’île est aussi envahie par des hordes de touristes, qui viennent à la découverte des danses et des transes. Nous sommes ainsi près de six millions et demi (ce qui est largement supérieur aux visiteurs de l’Auvergne !), à venir grossir tous les ans le nombre d’habitants (plus de trois millions et demi).

Que faisons-nous ? Lézarder sur les plages, investir dans l’économie locale en créant des entreprises et du travail, approfondir notre connaissance de l’histoire de Bali, rencontrer les habitants et leur culture ?

Que savons-nous exactement de cette île à majorité hindouiste ? Que savons-nous au juste des Balinais invariablement décrits comme des gens doux et souriants ?

Bali
Photo avec l’aimable autorisation du KITLV/Institut royal des Pays-Bas pour les études de l’Asie du Sud Est et des Caraïbes, photo n° 8483, Enfants autour du monument du temple sacré de Denpasar, 1925, Collection Th. van Erp.

Qu’ils ont été combatifs. 
Bali fut colonisée très tard, au début du 20e siècle seulement, après de nombreuses guerres qu’elle livra, souvent en se battant jusqu’à la mort, considérée préférable à la disgrâce, en marchant en masse droit vers les canons et fusils des Hollandais en 1906 et 1908. Cette réaction suicidaire appelée puputan jeta une lumière dévastatrice sur la réputation du colonialisme à la hollandaise. Est-ce pour cette raison que les Hollandais n’appliquèrent pas le système de culture obligatoire aux Balinais comme ils l’ont fait à Java ? Au lieu de quoi, dans les années trente, ils ont tenu à promouvoir la culture balinaise en appliquant la politique de la « baliseering van Bali » (balinisation de Bali).

Qu’une fureur a pu s’emparer d’une partie d’entre eux.
En 1965, après ce que la thèse officielle présente comme un coup d'Etat raté, organisé par le Parti communiste indonésien, une vague d’anti-communisme déferle sur Bali, se soldant par le meurtre d’environ 80 000 personnes, 5 % de la population de l’époque, faisant retentir de pleurs et de cris toute l’île, colorant de rouge les fleuves et les rivières.

Que comme bien d'autres populations d'Indonésie, ils ont une culture raffinée : danse, musique, peinture, sculpture. Plusieurs articles de ce numéro éclaireront ces aspects qui, tout extraordinaires qu’ils soient, font partie de la vie quotidienne.

Qu’ils continuent -malgré l’invasion régulière de touristes- d’honorer, imperturbablement, leurs cérémonies, leurs traditions.

Et leurs dieux auxquels ils ont emprunté la beauté absolue.

Bali
Photo avec l’aimable autorisation du KITLV/Institut royal des Pays-Bas pour les études de l’Asie du Sud Est et des Caraïbes, photo n° 6312, le Président Soekarno avec Ni Pollok, épouse du peintre belge Adrien Jean le Mayeur, à Sanur, 1950.